Les 1 000 salariés du groupe LDLC bénéficient depuis trois ans de la semaine de 4 jours, en travaillant 32 heures par semaine. Une nouvelle organisation pour le spécialiste de la vente de matériel informatique et high-tech, née de la conviction de son dirigeant Laurent de la Clergerie. Si son application est jugée positive et bénéfique, suscitant la curiosité, son PDG n’avait pas imaginé la conséquence qu’elle occasionnerait. Il raconte.

La semaine de 4 jours chez LDLC est le fruit d’une longue réflexion. Quelle en est l’origine ?

La semaine de 4 jours

Laurent de la Clergerie : Elle est caractéristique de trois grandes étapes de l’histoire de LDLC. Au départ, lors des dix premières années, notre entreprise était gérée comme une start-up, sans hiérarchie et comptait 300 salariés. Puis, en 2005 nous avons connu un crash et nous avons été contraints de recruter pour restructurer l’entreprise. Nous sommes devenus alors très hiérarchisés. Notre ambition était de doubler notre chiffre d’affaires avec le rachat de materiel.net. Malheureusement, dans ce contexte, je n’aimais pas l’entreprise que nous étions devenues, préférant celle des débuts. Ce n’était plus moi. Nous avions priorisé les chiffres et non le bien-être de nos collaborateurs. J’avais donc en tête de revenir à nos origines et de casser notre modèle.

Qu’avez-vous mis en place ?

Laurent de la Clergerie : J’ai d’abord travaillé sur tous les éléments que je pouvais faire évoluer afin de créer une nouvelle organisation. Cela nous a conduits à modifier le rôle des dirigeants et managers en les faisant passer de contrôlants à accompagnants, à augmenter les salaires minimums de 15 % ou encore à rénover les bâtiments pour qu’ils soient plus agréables. Puis, à la lecture d’un article portant sur la semaine de 4 jours au sein de Microsoft, j’ai eu un déclic. Il s’agissait d’une évidence à mes yeux. Mais était-ce possible pour tous les salariés, de réduire le temps de travail hebdomadaire ? Quel serait le coût ? Aurais-je besoin de recruter ? Quelles conséquences sur l’entreprise ? Autant de questions que je me suis posées fin 2019, et dont les réponses m’ont conforté à l’appliquer en juin 2020.

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Quelles ont été les réactions de vos salariés ?

Laurent de la Clergerie : Imaginant seulement l’aspect positif de la semaine de 4 jours, nous n’avions pas prévu l’inquiétude qu’elle allait susciter chez nos salariés. De nombreuses interrogations sont apparues et il a fallu les rassurer. Mais le plus difficile a surtout été de convaincre le comité de direction du bien-fondé de cette organisation. Désormais, il l’est.

De vos premières interrogations à aujourd’hui, trois ans après l’application de la semaine de 4 jours, quels constats faites-vous ?

 

 

La semaine de 4 jours

Laurent de la Clergerie : Rien ne s’est déroulé finalement comme prévu. Nous n’avons pas recruté davantage et mes calculs étaient faux. Ainsi, j’étais loin d’imaginer par exemple que sur la partie logistique, les collaborateurs feraient 30 % de colis en plus. La raison est simple : ils vont plus vite, car ils vont bien et ont du temps pour eux en dehors de l’entreprise. Ce qui est le cas pour tous les autres. Aujourd’hui, je retrouve enfin l’esprit du début de l’aventure LDLC.

Observez-vous toutefois des aspects négatifs ?

Laurent de la Clergerie : Oui puisque nous n’avons plus de turn-over. Personne ne souhaite partir de LDLC. Notre effectif est important tandis que notre croissance est passée de 40 % à 25 %. Si bien que certains salariés constatent qu’ils ne pourront pas évoluer rapidement, car leur supérieur est en place et compte y rester. Nous observons alors une certaine forme de démotivation. C’est pourquoi, nous travaillons sur des projets futurs afin d’impulser une nouvelle dynamique positive et collective.

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Florent Bovicelli
Written by: Florent Bovicelli
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